Publié le 9 juin 2025
Les filles restent à ce jour les premières victimes de violence et de discrimination dans le monde. Chaque année, 12 millions de filles de moins de 18 ans sont mariées de force. 71 % des victimes d’esclavage moderne sont des filles. 18,5 millions de filles de 6 à 18 ans sont déscolarisées. Aujourd’hui, les grossesses précoces sont la 2e cause de mortalité des adolescentes de 15 à 19 ans.

Quand les crises aggravent les injustices
Publié en 2024, le rapport de Plan International State of the World’s Girls Report – Still we dream témoigne des conditions de vie des jeunes dans un contexte de crise humanitaire et de conflit. Il nous renseigne de façon plus spécifique sur les inégalités entre les filles et les garçons dans ce contexte particulier.
Pour mémoire, en 2012, Plan International a obtenu auprès de l’ONU la création de la Journée internationale des droits des filles qui a lieu chaque année le 11 octobre. Cette journée de mobilisation générale permet de donner la parole aux filles du monde entier, de sensibiliser chacun·e aux inégalités de genre et aux discriminations, et d’appeler les gouvernements à prendre des décisions pour défendre les droits des filles dans le monde. En situation de crise humanitaire, les risques de mourir, d’être blessé·e, de perdre ses proches, de devoir fuir sa maison ou son pays sont immenses. Les droits des filles sont encore plus à risque : l’éducation des filles passe au second plan, les mariages d’enfants, les grossesses précoces, les discriminations et les violences physiques et sexuelles augmentent.
« Dans un monde où les conflits et les crises humanitaires, alimentaires, migratoires, climatiques sont particulièrement nombreux, la Journée internationale des droits des filles 2024 met en lumière leurs impacts sur les filles. »
Pourtant, lorsqu’il s’agit de fournir une assistance humanitaire, l’égalité de genre et les risques spécifiques des filles sont rarement prises en compte.
Impact sur la santé mentale
Le niveau de stress et d’anxiété des adolescentes est particulièrement élevé en temps de guerre. Mykola, jeune fille ukrainienne, a déclaré :
« J’entends des bombes dans mes rêves, et je me réveille en pleurant, ne sachant pas où je suis. »
Les adolescentes, en particulier celles vivant près des zones de conflit comme Kharkiv, ont exprimé un besoin urgent de soutien psychosocial pour faire face à leur détresse émotionnelle, une information confirmée par les soignant·es ukrainien·nes.
Impact sur la scolarité
Les filles sont 2,5 fois plus susceptibles d’être déscolarisées dans les pays touchés par des conflits. Et même lorsqu’elles restent à l’école, les crises perturbent leur apprentissage. Ainsi, la guerre en Ukraine perturbe la routine scolaire des filles, entraînant des difficultés de concentration et d’apprentissage ainsi qu’une baisse de confiance en elles.
Les crises alimentaires en Éthiopie, Somalie, au Kenya, Soudan du Sud, Mali, Burkina Faso, Niger et à Haïti impactent particulièrement l’éducation des filles. La survie économique devient prioritaire, menant à des taux élevés d’abandon scolaire et à un nombre croissant de mariages d’enfants. La scolarité des enfants, et particulièrement des filles, est interrompue en période de conflit car les écoles ferment. On constate que 56 % des enfants sont concernés, chiffre qui s’élève à 58,20 % pour les filles. Ils et elles doivent fuir et ne peuvent plus accéder à leurs écoles, qui ont été endommagées ou détruites par le conflit ou transformées en refuge. 21 % des enfants ont dû arrêter l’école pour travailler, pour s’occuper d’un membre de leurs familles ou parce que le trajet pour s’y rendre est trop dangereux, en particulier pour les filles.
Violences basées sur le genre
En Ukraine, la guerre oblige les femmes et les filles à assumer des responsabilités supplémentaires, en l’absence de nombreux hommes partis au front. Les filles doivent souvent assumer des responsabilités d’adultes, telles que la garde de leurs frères et sœurs et les tâches ménagères. Certaines adolescentes réfugiées en Pologne et en Roumanie ont également commencé à travailler pour contribuer aux revenus de leur famille. En période de crise alimentaire, les femmes et les filles voient leur charge de travail et leur niveau de stress augmenter en raison des bouleversements dans la répartition des tâches.
Le rapport de l’UNICEF sur les enfants et les conflits armés montre qu’entre 2005 et 2022, plus de 14 200 enfants dans les conflits armés ont été reconnus victimes de viols et d’autres violences sexuelles, avec une moyenne annuelle de 890 enfants victimes. Et ces violences sexuelles touchent de manière disproportionnée les filles, qui ont été victimes dans 97 % des cas vérifiés entre 2016 et 2020.
Les abris temporaires après des catastrophes naturelles manquent de sécurité et de commodités, augmentant la vulnérabilité des femmes et des filles aux violences sexuelles, comme cela a, par exemple, été illustré en Indonésie. Les femmes réfugiées connaissent des problèmes obstétriques plus graves et plus fréquents que les populations locales, en grande partie à cause d’un accès insuffisant aux soins prénataux et à l’accouchement. Les femmes exposées aux conflits armés pendant leur grossesse sont plus susceptibles d’accoucher sans personnel qualifié, ce qui augmente considérablement les risques de complications pour les mères et les nouveau-nés.
Les risques de violence liée au genre augmentent en période de crise alimentaire. Alors qu’elles cherchent à subvenir aux besoins alimentaires de leurs familles, les femmes et les filles sont exposées à des violences, abus et exploitations. Elles mangent généralement en dernier et moins que les autres membres de la famille, ce qui les expose davantage à la malnutrition. 45 % des filles et des femmes déclarent avoir eu un accès très limité à la nourriture, ou ne pas avoir pu s’alimenter et 43,70 % pour l’accès à l’eau.
Au Népal, les catastrophes naturelles et la pandémie de COVID-19 ont entraîné une augmentation alarmante des cas de violence de genre, nécessitant une réponse coordonnée des gouvernements, de la société civile et des partenaires internationaux. Les crises humanitaires mettent la sécurité et la santé des filles en danger et augmentent les inégalités de genre. Il est donc plus que jamais essentiel de se mobiliser pour les droits des filles, jusqu’à l’égalité. Aussi, cette année, Plan International France a décidé de mettre ces situations d’urgence que vivent les filles sur le terrain au cœur de sa campagne de sensibilisation.